dimanche 11 mars 2012

Les voies lactées. Maurice Blanchard

Les voies lactées

Je fais ma lumière moi-même, ma lumière, mon obscurité. Et le grand vent venu du Sud-Ouest ne peut l'éteindre. C'est un monde entre mon pouce et mon index. Les charbons ardents sont le silence même. La souffrance, c'est l'eau dormante, le bon sens, l'humanité.
"Io non so ben ridir com'io v'entrai" mais je puis très bien dire comment je sortirai. Le volcan a craché ses fantômes ; la rivière, en ruban de givre, a gravi la plus haute montagne pour jouer avec le soleil et le soleil est un gros chat familier qui pose sa patte de velours sur la main de son maître.
Nous autres les morts, nous autres les rubans de lait, enlaçons l'homme qui souffre. Le rameau hanté danse au bord du gouffre et demain, c'est "toujours".
Voici enfin la nuit que j'aime, et qui chante.

Maurice Blanchard, in Le Monde qui nous entoure, 1951, publié dans Les barricades mystérieuses, Gallimard, 1994

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire