dimanche 5 février 2012

Méditation et observation. Thich Nhat Hanh



Les méditants débutants pensent habituellement qu'ils doivent supprimer toutes les pensées et tous les sentiments (souvent appelés "esprit faux") afin de créer les conditions favorables à la concentration et à la compréhension (nommées "esprit vrai"). Ils utilisent des méthodes comme la fixation de leur attention sur un objet ou la numération de leurs respirations pour essayer de bloquer leurs pensées et leurs sentiments. Se concentrer sur un objet ou compter ses respirations sont d'excellentes techniques, mais elles ne devraient pas être utilisées à des fins de refoulement ou de répression. Nous savons que, dès qu'il y a répression, il y a rébellion - la répression entraîne la rébellion. L'esprit vrai et l'esprit faux ne font qu'un. Nier l'un revient à nier l'autre. En supprimer un revient à supprimer l'autre. Notre esprit est notre soi. Nous ne pouvons le faire disparaître. Nous devons le traiter avec respect, avec gentillesse, et absolument aucune violence. Puisque nous ne savons même pas ce qu'est notre "soi", comment pourrions-nous savoir s'il est vrai ou faux, si nous devons et ce que nous devons supprimer ? La seule chose que nous puissions faire est de laisser la lumière de la Pleine Conscience éclairer notre "soi" et l'illuminer, afin que nous puissions le regarder directement.
Tout comme les fleurs et les feuilles ne sont que des parties d'une plante, tout comme les vagues ne sont que des parties de l'océan, les perceptions, les sentiments, et les pensées ne sont que des parties du soi. Les boutons de fleurs et les feuilles sont une manifestation naturelle des plantes, les vagues sont l'expression naturelle des océans. Il est inutile d'essayer de les empêcher de s'exprimer ou de les contenir. C'est impossible. Nous pouvons seulement les observer. Parce qu'elles existent, nous pouvons trouver leur source qui est exactement la même que la nôtre.

Thich Nhat Hanh, La vision profonde, de la pleine conscience à la contemplation intérieure, 1988, traduction Philippe Kerforme, 1995, Albin Michel, collection Spiritualités Vivantes (impression 2005), p.18-20


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